Market Insights : Soutenir la croissance verte en Zambie

16th Nov 2022 | Leave a comment | By Philippa Viljoen

En Zambie, l’heure est à l’optimisme, le pays est redynamisé par un nouveau gouvernement. Aujourd’hui, douze mois après avoir annoncé la conclusion d’un Pacte pionnier pour la croissance verte avec le gouvernement britannique lors de la Conférence de Glasgow, la Zambie s’apprête à assumer la présidence du Groupe africain de négociateurs (AGN, African Group of Negotiators) dans le cadre des discussions de la COP27.

Depuis plus de dix ans, PIDG et InfraCo Africa sont engagés en Zambie. Le moment semble bien choisi pour nous arrêter un instant et réfléchir au travail réalisé dans le pays et à la façon dont il s’inscrit dans les initiatives essentielles visant à accélérer le développement d’une économie durable axée sur le climat, ici et dans toute l’Afrique subsaharienne.

Le cas unique de la Zambie

La Zambie compte une population relativement faible (19 millions d’habitants) et dispersée[i], l’économie repose principalement sur deux industries : l’agriculture, de subsistance ou commerciale (je constate souvent que chaque Zambien que je rencontre est agriculteur dans l’âme), et l’extraction minière, notamment du cuivre. Cette concentration de l’activité économique sur deux secteurs et la dépendance de la Zambie à l’égards d’une poignée de grandes centrales hydroélectriques pour produire son électricité[ii] rendent le pays particulièrement vulnérable aux risques climatiques. De 2014 à 2016, la Zambie a été confrontée à des périodes sèches particulièrement longues[iii] ; outre son impact sur les récoltes et par conséquent sur les revenus des agriculteurs, cette profonde sécheresse a également ralenti la génération d’électricité et, par ricochet, les activités d’extraction du cuivre et de l’industrie minière tout entière. Presque tous les secteurs de l’économie zambienne ont été touchés. Avec une population dont l’âge médian se situe en dessous de 18 ans[iv] et des relations uniques avec ses huit pays limitrophes, la Zambie présente un énorme potentiel de croissance et de développement qui à besoin de se fonder sur la mise en place de mesures pour atténuer les effets du changement climatique et s’adapter à ses effets, actuels et à venir.

Qu’est-ce que, le Pacte pour la croissance verte de la Zambie ?

En novembre 2021, le Royaume-Uni et la Zambie ont annoncé la conclusion d’un pacte volontaire pour la croissance verte, le premier du genre sur le continent, en dehors du Partenariat pour une transition énergétique juste de l’Afrique du Sud. Cet accord engage les gouvernements britannique et zambien à collaborer pour bâtir une économie plus forte et plus diversifiée pour la Zambie ; il tend à réunir un milliard de livres sterling d’investissement qui devrait résulter des initiatives britanniques en Zambie, y compris le travail des sociétés du groupe PIDG. Il agira ainsi comme un outil qui renforcera les relations bilatérales entre les deux pays tout en collaborant pour réaliser l’objectif d’une croissance verte.

Pourquoi est-ce important ?

Ce Pacte est important, car il témoigne d’une approche nouvelle et plus sophistiquée de la manière dont la Zambie et le Royaume-Uni pourraient collaborer au mieux pour accélérer le développement d’une économie résistante au climat. Il identifie les possibilités de collaboration et de soutien supplémentaire – technique ou financier – du Royaume-Uni, en mettant l’accent sur les résultats et les effets plutôt que sur la méthode plus traditionnelle de promesses de dons. De plus, il représente une meilleure valeur pour les contribuables britanniques, en permettant à différentes organisations de collaborer pour appuyer les objectifs de croissance verte de la Zambie et surtout, en constituant une réserve de projets finançables ouverte à d’autres investisseurs.

C’est là que PIDG intervient, avec son mandat visant à mobiliser les investissements et l’expertise du secteur privé dans les infrastructures des marchés frontières, le Groupe travaille directement au pilotage de nouvelles stratégies pour assurer une plus grande sécurité énergétique, alimentaire et hydrique en Zambie.

Comment soutenons-nous les ambitions climatiques de la Zambie ?

En tant que société de PIDG, InfraCo Africa concentre ses activités sur deux des trois volets clés de la Stratégie d’intervention de la Zambie face au changement climatique : une agriculture durable et les énergies renouvelables[v]. Nos projets visent à assurer un développement économique durable, à attirer des financements et des compétences locales et internationales, ainsi qu’à renforcer la résilience climatique de la Zambie et son attrait en tant que partenaire pour des accords futurs. Le pays bénéficie également du soutien de PIDG Technical Assistance (PIDG TA) depuis de nombreuses années.

Une agriculture durable : Grâce au soutien des gouvernements du Royaume-Uni, des Pays-Bas et de la Suisse, InfraCo Africa œuvre en Zambie depuis seize ans. Au début, nous nous concentrions sur l’agro-infrastructure, en travaillant avec de petits exploitants et des fermes commerciales du district de Kafue pour développer le projet Chanyanya Irrigation. Nous sommes extrêmement fiers de ce projet, il a atténué l’impact des fluctuations pluviométriques sur la sécurité alimentaire. Grace à la mise en commun des terres de petits exploitants, dans le cadre d’une coopérative, l’irrigation est devenue commercialement viable et les exploitants ont pu y accéder eux-mêmes. Un aspect important de notre travail dans le district de Kafue consiste à renforcer la capacité des autorités locales à gérer la ferme commerciale de Chanyanya.

PIDG TA a joué un rôle clé en nous accompagnant dans le développement du projet pilote de Chanyanya et a également apporté son soutien au projet d’irrigation le plus important de Chiansi, dont la mise en service est prévue l’année prochaine et qui a été conçu pour irriguer une zone beaucoup plus vaste.

Une énergie renouvelable : Aux côtés d’un partenaire local du secteur privé, InfraCo Africa œuvre également pour le développement du secteur des énergies renouvelables de la Zambie, en appuyant le projet hydroélectrique au fil de l’eau de 180 MW de Ngonye Falls, dans la province occidentale du pays. En Zambie, le facteur clé de la vulnérabilité de la production hydroélectrique actuelle réside dans la concentration de la production dans uniquement deux grandes centrales hydroélectriques implantées au centre et au sud du pays. Les futures centrales hydroélectriques doivent être judicieusement développées, les rivières de la Zambie présentent un potentiel inexploité important pour générer une énergie propre supplémentaire destinée au réseau national. Il s’agit ici d’une énergie de base prévisible, fiable et variable pour pallier l’intermittence d’autres sources renouvelables, telles que le solaire, et utiliser les grands barrages de la Zambie davantage comme des batteries de réseau que des sources principales d’approvisionnement. Le projet a été structuré de sorte à ce que le Barotse Royal Establishment détienne une participation dans la centrale électrique au nom de la population de la province occidentale. Nous travaillons à l’établissement de fonds fonciers communautaires afin de garantir que les communautés locales puissent exploiter au mieux les bénéfices des revenus de l’usine, un modèle qui pourrait être reproduit sur d’autres développements d’infrastructures.

La branche d’investissement d’InfraCo Africa a soutenu la création et la croissance d’Africa GreenCo Group, le premier acheteur intermédiaire d’énergie renouvelable et fournisseur de services en Zambie. GreenCo aspire à transformer le marché énergétique de la Zambie en achetant l’électricité auprès de producteurs autonomes d’énergie renouvelable pour ensuite la revendre à des entreprises de services publics, aux acquéreurs du secteur privé et aux marchés concurrentiels du Pool énergétique de l’Afrique australe. Il s’agit d’une approche novatrice susceptible de transformer les marchés de l’énergie en Zambie et dans la région.

Au-delà du réseau, je vois également l’énorme potentiel de la Zambie pour le développement de l’énergie hors réseau et un meilleur accès à l’énergie propre pour les communautés des zones rurales, un secteur dans lequel InfraCo Africa a de solides antécédents.

La COP27, et après ?

De nombreuses discussions ont eu lieu sur la responsabilité morale des nations développées de fournir les financements et le soutien nécessaires pour lutter contre le changement climatique. Parallèlement, on reconnaît toujours mieux la nécessité de disposer d’une réserve de projets susceptibles d’accueillir des financements, afin que ces derniers puissent effectivement être investis et que des résultats tangibles soient obtenus quand l’euphorie qui accompagne les grandes annonces de la conférence aura disparu. Depuis vingt ans, les investissements réalisés et les risques pris par PIDG et les gouvernements des pays développés qui soutiennent son travail ont permis de développer ce solide réservoir de projets. Les efforts portent leurs fruits puisque les investisseurs disposent désormais de solides projets dans lesquels ils peuvent s’engager ; pourtant, le défi est tel qu’il y aura encore beaucoup à accomplir dans les prochaines années.

Au cours de sa première année au pouvoir, le président de la Zambie, Hakainde Hichilema, a signalé son engagement en faveur de l’agenda climatique. Il a créé un ministère dédié à l’économie verte, a participé à la COP26 à Glasgow et a soutenu, lors de la COP27, la présidence bisannuelle de la Zambie dans les discussions de l’AGN sur le changement climatique. Ce groupe, composé des 54 pays africains, permet au continent de se présenter comme une seule alliance lors des prochaines négociations sur le changement climatique. Je pense que la présidence de la Zambie sera un moteur essentiel à cet égard.

Il s’agit d’une occasion unique pour accélérer le changement positif et démontrer la capacité d’écoute de la Zambie, de même que sa capacité à diriger la lutte contre le changement climatique, sur le continent africain et au-delà. InfraCo Africa est fière de contribuer un tant soit peu à cette initiative.

[i]https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/SP.POP.TOTL?locations=ZM

[ii] https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/EG.ELC.HYRO.ZS?locations=ZM

[iii] https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2212096316300857

[iv] https://www.worldeconomics.com/Demographics/Median-Age/Zambia.aspx#:~:text=Median%20age%20is%20the%20age,global%20value%20of%2030.3%20years.

[v]https://www.ndcs.undp.org/content/ndc-support-programme/en/home/our-work/geographic/africa/zambia

Philippa Viljoen

Philippa Viljoen est Responsable de Développement Commercial pour l’Afrique de l’Est et du Sud, chez InfraCo Africa. Elle est aussi directrice du projet d’infrastructure d’irrigation Chanyanya en Zambie.  Philippa a rejoint InfraCo Africa après avoir consacré sept ans au développement des projets pour eleQtra Limited. Elle a été conseillère spéciale auprès du secrétaire d’État fantôme au DFID et a fait partie de l’équipe de chercheurs pour un membre du Parlement britannique au sein de la Commission spéciale du développement international. (Philippa est actuellement en congé)

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *