En coulisse : notre investissement dans l’avenir de l’industrie

22nd Aug 2023 | Leave a comment | By Beatrice Muthoni

À l’occasion de la journée internationale de la jeunesse 2023, j’aimerais revenir sur le changement et évolution du secteur des infrastructures depuis le début de ma carrière en ingénierie électrique et  également me pencher sur ce à quoi pourraient ressembler les emplois de demain. Cette question est particulièrement importante, car l’âge moyen de la population africaine étant de 19,7 ans[i], il est crucial de transmettre aux jeunes Africains des compétences pertinentes qui leur donneront les moyens de saisir les opportunités d’emploi futures.

Alors que nous œuvrons de toute urgence à lutter contre la crise climatique et à rétablir l’équilibre naturel, les jeunes doivent soutenir cet effort mondial en apportant leurs connaissances et talents à l’économie verte en plein essor.

Pourquoi l’infrastructure ?

J’ai vécu les quinze premières années de ma vie sans électricité à la maison, je ne comprenais pas pourquoi ce service fondamental n’était pas universellement accessible, et c’est ce qui m’a motivée à suivre des études d’ingénierie électrique. Jusqu’à présent, mon travail s’est concentré sur les énergies renouvelables, mais autant que Responsable du Développement Commercial chez InfraCo Africa, société de PIDG, j’ai développé une expertise du secteur des infrastructures au sens large. Sans accès aux services d’infrastructure de base, tels que l’électricité, l’eau et les transports, la croissance économique du continent demeurera restreinte.

Combler le déficit en matière d’infrastructures en Afrique pourrait créer des emplois dans un grand nombre de domaines, mais les pays d’Afrique ne peuvent répondre seuls à ces besoins. C’est là qu’interviennent les acteurs du financement mixte tels que PIDG et ses sociétés membres. Avec l’appui de nos propriétaires, les gouvernements du Royaume-Uni (FCDO), des Pays-Bas (DGIS) et de la Suisse (SECO), nous offrons le financement et l’expertise requis pour démontrer la viabilité commerciale des énergies renouvelables et autres technologies propres. Nous contribuons à débloquer les investissements d’institutions nationales et attirer d’autres investisseurs privés vers des marchés qu’ils auraient pu juger trop risqués par le passé. Nous pouvons ainsi transformer les projets d’infrastructure d’un « concept » à une réalité finançable, puis vers la construction pour enfin devenir une entreprise opérationnelle durable qui créé des emplois à long terme tout en accélérant la course mondiale vers la neutralité carbone.

Les tendances vers des emplois durables et inclusifs

Un rapport récent de l’Organisation internationale du Travail intitulé Tendances mondiales de l’emploi des jeunes[ii] souligne l’important potentiel que présente l’Afrique à créer des emplois en comblant les lacunes en matière d’investissement, particulièrement en ce qui concerne la transition vers les secteurs économiques verts, durables, du numérique et des soins et services aux personnes. Le rapport suggère qu’une augmentation des investissements durables pourrait non seulement contribuer à la réalisation des Objectifs de Développement Durable des Nations Unies (ODD), mais également générer des perspectives d’emploi substantielles pour les jeunes Africains âgés de 15 à 29 ans[iii].

La croissance des emplois durables est une chose que nous constatons de première main grâce à nos investissements dans les énergies propres, la mobilité électrique et la connectivité internet en milieu rural. Nous traversons actuellement une véritable période de transition où les jeunes sont capables et désireux d’intégrer les industries vertes naissantes. Ils peuvent s’adapter rapidement aux nouvelles technologies et sont ouverts aux approches nouvelles et inédites.

La participation d’un plus grand nombre de femmes dans le secteur est peut-être une indication tangible de cette évolution. Ces nouvelles voix dans les discussions apportent de nouvelles perspectives et approches pour la mise en œuvre d’infrastructures inclusives et durables. Quand j’étais à l’université, nous n’étions que deux filles dans une classe de 44 étudiants. Aujourd’hui, dans les cursus d’ingénierie et de sciences informatiques, les filles sont presque plus nombreuses que les garçons. Je suis également mentor pour les jeunes femmes ingénieures, une façon pour moi de les guider vers leur future carrière, en particulier dans le domaine de la croissance verte. Si le secteur des infrastructures est encore dominé par les hommes, la situation est en pleine transformation, les obstacles à l’ascension professionnelle sont éliminés !

Comment InfraCo Africa aide-t-elle les jeunes à renforcer leurs compétences ?

Dans le cadre de ses projets, InfraCo Africa œuvre à éliminer les obstacles à l’emploi et à encourager les populations locales, notamment les femmes, les filles et les membres des groupes démographiques sous-représentés, à postuler dans le secteur des infrastructures.

Nous sommes particulièrement fiers de notre participation au projet East Africa Marine Transport (EAMT), où nous avons permis à une cohorte de 25 jeunes Ougandais, dont un tiers de femmes, de suivre une formation de marin. Le but de l’initiative était de former un équipage hautement qualifié pour le nouveau service régulier de ferry, et d’étoffer la réserve de travailleurs qualifiés disponibles pour l’industrie du transport maritime de la région. Actuellement en construction, le navire devrait réaliser son voyage inaugural sur le lac Victoria en 2024. L’équipe de l’EAMT a suivi une formation initiale au collège maritime de Dar es Salam et pour le moment, a été affectée à d’autres navires afin d’acquérir les heures d’expérience pratique requises. Nous étudions activement les synergies possibles entre l’EAMT et nos projets de transport maritime de passagers sur le lac, à savoir Kalangala Infrastructure Services et Waterbus. Nos jeunes marins pourraient ainsi voir les opportunités d’emploi se multiplier à mesure que le secteur du transport maritime se développe dans la région.

Notre projet de centrale hydroélectrique en Zambie, Ngonye Falls, collabore activement avec les communautés voisines afin de donner aux jeunes (âgés de 19 à 32 ans) les compétences requises pour les emplois de construction créés par le projet. Ce projet de centrale hydroélectrique de 180 MW devrait employer jusqu’à 3 000 personnes au plus fort de la construction. En aidant les jeunes de la région à suivre des formations professionnelles dans les secteurs tels que le génie électrique, la maçonnerie et la mécanique ; le programme de formation professionnelle de Western Power devrait permettre à ces jeunes d’obtenir un emploi lorsque les travaux de construction seront lancés.

Notre investissement dans Zembo, société de motos-taxis électriques ougandaise, témoigne de la volonté des jeunes à se former aux nouveaux emplois verts. Les 80 employés de l’entreprise, dont la plupart ont moins de 30 ans, ont été formés par Zembo pour acquérir le statut de conducteurs de motos électriques, techniciens spécialisés dans le remplacement des batteries, mécaniciens et techniciens d’assemblage des motos électriques, en plus d’avoir suivi une formation pour la remise en état et recyclage des batteries. Aucun de ces emplois n’existait à la fin de ma formation. En plus de leurs compétences, les employés de Zembo bénéficient de pratiques de gestion modernes, d’une assurance maladie et d’un régime de retraite. Ils pourront surtout transférer ces avantages aux emplois et postes de leadership qu’ils occuperont à l’avenir.

Pourquoi est-il important de renforcer les capacités locales pour nos projets ?

Les membres des communautés locales entretiennent des relations avec les acteurs locaux et possèdent une bonne connaissance des politiques réglementaires et des normes culturelles à respecter. Il s’agit d’atouts précieux pour tout nouveau projet ou entreprise en démarrage. Si un projet d’infrastructure emploie une main-d’œuvre locale, il est souvent mieux accepté par la communauté. Celle-ci sera alors plus disposée à soutenir, promouvoir et protéger le projet longtemps après que l’investissement initial ou la construction a eu lieu. De cette manière, l’impact du projet ira bien au-delà des investisseurs et des développeurs, pour toucher les communautés elles-mêmes.

Cependant, le défi auquel les développeurs sont souvent confrontés est le manque de compétences. La formation est le moyen d’y remédier. Equiper les personnes proches des projets d’infrastructures des compétences nécessaires pour construire et exploiter les installations relève du bon sens commercial. Employer une main-d’œuvre locale permet d’offrir des services à moindre coût. Les compétences peuvent être transférées à des projets similaires dans le pays ou la région, enlevant ainsi une épine du pied de la prochaine génération de développeurs. Pour notre projet Sierra Leone Mini-Grid, nous avons formé des techniciens locaux et des équipes HSE, ce qui a permis de créer des emplois qualifiés et de faire en sorte que les clients ruraux puissent bénéficier rapidement d’une assistance en cas de coupure d’électricité.

Autre exemple : dans les zones rurales du Zimbabwe, notre investissement dans Mobility for Africa a permis de créer un écosystème d’emplois autour de ses stations d’assemblage de véhicules électriques et d’échange de batteries alimentées par l’énergie solaire. Mobility for Africa forme également la population locale à la conduite des « Hambas ». En favorisant un premier accès au transport et des gains considérables de temps, en particulier pour les femmes, l’entreprise renforce également la capacité économique de la population. Grâce à l’accès à des moyens de transport propres, les maraîchères peuvent profiter d’un meilleur rendement de leurs cultures et vendre leurs produits à des prix plus élevés sur des marchés plus grands situés plus loin de chez elles. Elles ont également le temps de s’occuper des tâches domestiques et gagnent un revenu en transportant leurs voisins vers les cliniques, les marchés et les champs.

Que pouvons-nous faire de plus ?

InfraCo Africa s’engage, non seulement à créer des emplois qui permettront aux individus de s’émanciper, mais aussi à développer des industries vertes naissantes qui stimuleront une croissance économique durable. Si nous voulons atteindre les ODD des Nations unies et les objectifs climatiques mondiaux fixés par l’accord de Paris, nous devons voir grand !

La mobilité électrique est un excellent exemple de notre volonté d’aller plus loin et de faire bouger les choses pour un secteur tout entier. Avec le soutien de PIDG TA, nous entreprenons ce que nous espérons être un programme transformateur de formation et de développement pour les acteurs du secteur de la mobilité électrique au Zimbabwe. Inspirée par les formations dispensées jusqu’à présent, Mobility for Africa s’est associée à un institut de formation technique pour mettre au point un programme d’études complet spécifiquement destiné aux agriculteurs ruraux. L’objectif est de mettre en place un cours certifié qui forme les individus à la conduite des « Hambas » électriques et de leur insuffler un esprit d’entreprise qui permettra d’accroître leur ambition commerciale et d’optimiser l’utilisation des véhicules.

Comprendre le contexte général

De manière plus générale, nous savons qu’il est essentiel d’entendre la voix des jeunes pour développer les emplois verts de demain. C’est dans cette optique que la nouvelle stratégie 2023-2030 de PIDG a été élaborée avec la jeunesse et le développement inclusif en son cœur . Les premiers partenariats clés entrepris par le groupe après le lancement de sa stratégie sont ceux établis avec l’université d’Exeter, l’université de Pretoria et des chercheurs africains, pour élaborer le document « African Investment Tipping Points Report » (Rapport sur les points de basculement de l’investissement en Afrique). Ce rapport fournira un aperçu unique des risques climatiques et des opportunités économiques vertes sur le continent et devrait donner aux investisseurs une vision complète et scientifique des risques climatiques futurs. Ils pourront ainsi cibler leurs investissements là où ils sont le plus nécessaires. Ce travail servira de base aux futurs investissements de PIDG et cherchera activement à recueillir les points de vue des jeunes sur leur environnement, leurs moyens de subsistance et leur avenir.

L’avenir est prometteur pour les jeunes Africains.

[i] https://www.worldometers.info/world-population/africa-population/

[ii] https://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/—dgreports/—dcomm/—publ/documents/publication/wcms_853330.pdf

[iii] https://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/—ed_emp/documents/briefingnote/wcms_853322.pdf

Beatrice Muthoni

Beatrice jouit de plus de 13 ans d’expérience dans le développement et l’éxécution de projets d’infrastructures dans le secteur de l’énergie à travers le continent africain. Par le passé, elle a travaillé pour KTDA-Power où elle supervisait le développement et la construction de projets hydroélectriques et solaires photovoltaïques pour alimenter les usines de thé et le réseau électrique. Beatrice a également travaillé pour Lafarge-Holcim et Schneider Electric où, en qualité de responsable de l’ingénierie et de l’automatisation, elle a dirigé des équipes dans la construction de plusieurs projets d’infrastructures.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *