En coulisse : Travail et autonomie, l’impact des infrastructures

16th Mar 2022 | Leave a comment | By Jad Habbab

La population africaine a un âge médian de 19,7 ans[i], et d’après les prévisions, les pays d’Afrique subsaharienne pourraient contribuer à plus de la moitié de l’augmentation de la population mondiale entre 2019 et 2050. Si nous voulons garantir un développement économique équitable et durable pour tous, cette population jeune et croissante devra pouvoir accéder à des emplois décents. Dans ce contexte, les infrastructures sont cruciales, et j’aimerais profiter de cette occasion pour mettre en lumière cet aspect parfois ignoré de notre travail.

Créer des emplois

Lorsque vous pensez aux emplois liés à un projet d’infrastructure, quelle image vous vient à l’esprit ? Des hommes et des femmes équipés d’un casque de sécurité et d’une veste haute visibilité qui travaillent sur un chantier de construction ?  Nos projets créent de tels emploi, prenons pour exemple le projet Salima Solar, qui a employé plus de 800 personnes pour construire la centrale solaire de 60 MWac récemment mise en service au Malawi.

Les possibilités d’emploi vont bien au-delà de l’équipe de construction.

Toute l’équipe de Salima Solar déjeunait chaque jour sur place, ce qui a généré des emplois pour les femmes des communautés locales appelées à gérer l’African Kitchen et à servir des repas nourrissants aux travailleurs. Le nettoyage des vêtements de travail et la sécurité du site requérait aussi les services d’une entreprise locale.

 

Durant la phase de développement du projet, des personnes ont été engagées notamment pour réaliser des études de faisabilité, de l’arpentage et des vérifications préalables. En outre, des opportunités ont été créées dans le domaine de la production et des transports pour acheminer les panneaux solaires de qualité supérieure et leurs accessoires jusqu’au site.

Qu’en est-il de la phase post mise en service ?

Le projet Salima Solar a créé 20 emplois directs pour l’exploitation et l’entretien à long terme de l’installation. Il catalyse également la création d’emplois et de revenus à plus grande échelle, grâce aux initiatives de gouvernance environnementale et sociale (ESG) du projet en faveur de la santé et des moyens de subsistance des populations voisines.

Chaque emploi compte

Une partie de ma mission consiste à m’assurer que tout le personnel dispose des compétences et de l’équipement nécessaires pour accomplir son travail en toute sécurité et efficacité. Je m’efforce également de faire en sorte que nos projets offrent une expérience professionnelle positive à ces employés.

À cette fin, plusieurs facteurs entrent en jeu…

Nous cherchons à maximiser tant que possible l’emploi du personnel local et collaborons avec nos partenaires sur le terrain pour identifier les candidats dont les compétences correspondent aux postes disponibles. J’ai mentionné plus haut « des hommes et des femmes équipés de casques de protection », mais la vérité est que les femmes restent terriblement sous-représentées dans notre secteur. Outre l’impératif moral de remédier à cette disparité, il existe également un argument commercial clair en faveur de l’embauche des femmes dans nos projets. Le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) estime en effet que les inégalités entre les sexes entraînent une perte de 95 milliards de dollars de revenus par an en Afrique subsaharienne.[i] Pendant la période de recrutement, nous insistons sur la nécessité d’attirer davantage de femmes, de personnes handicapées et de membres d’autres groupes sous-représentés vers les emplois du secteur des infrastructures. Pour le projet East Africa Marine Transport, nous nous sommes appliqués à aplanir les obstacles spécifiques qui empêchent les femmes de poser leur candidature aux formations de marin professionnel. Le groupe actuel qui bénéficie de cette formation comprend 32 % de femmes.

Dès la montée à bord du personnel, nous sensibilisons les employés et sous-traitants à leurs droits et responsabilités, entre autres relatifs à la santé et sécurité, à la protection et à la bonne gouvernance. Les règles LSR (Life-Saving Rules) et de protection HSE du PIDG sont affichées sur tous les sites, pour un rappel quotidien et comme outils visuels au service de la formation continue. InfraCo Africa dispense des formations spécialisées à ses partenaires de codéveloppement, lorsqu’elles sont pertinentes, elles abordent par exemple les systèmes de gestion HSE et de lutte contre la corruption. La société promeut aussi le transfert des compétences et des apprentissages entre ses projets. Chez InfraCo Africa, nous veillons également à ce que la rémunération et les conditions d’emploi soient équitables pour les travailleurs, qui sont libres d’exprimer leurs griefs ou inquiétudes dans le cadre d’un processus clair.

Faciliter les changements d’envergure

Les infrastructures accélèrent également la création d’emplois indirects. Cet aspect de notre travail, plus difficile à quantifier, est pourtant à la base de tout ce que nous faisons.

Grâce à l’énergie propre, un commerçant peut éclairer son magasin, prolonger ses heures d’ouverture et travailler en toute sécurité. Un entrepreneur peut utiliser des équipements motorisés pour améliorer la productivité et la rentabilité de son entreprise. L’énergie propre entraîne aussi la création d’un tout nouveau secteur qui aide à assurer la maintenance des installations photovoltaïques ; à cet effet, nos projets font appel à des techniciens de batteries, des électriciens, des agents de sécurité et des agents de maintenance.

Nos projets d’énergie hors réseau au Kenya et en Sierra Leone démontrent combien l’accès à une énergie propre et à des appareils abordables peut stimuler l’esprit d’entreprise. Les boutiques, salons de coiffure et activités de fabrication florissent dans les zones rurales reculées, contrant la migration des jeunes à la recherche d’emplois dans les grandes villes. Les services publics offrent des soins de santé et un enseignement de meilleure qualité pour les générations futures.

Sur tout le continent, nos projets d’énergie raccordés au réseau augmenteront la capacité nationale de production d’électricité installée, y intégreront l’énergie renouvelable et contribueront à la création d’emplois, tandis que les industries et les entreprises tireront parti de la disponibilité et de la fiabilité accrues d’une énergie propre.

Une eau propre et potable contribuera à la bonne santé des populations et à prévenir la propagation de maladies transmissibles. Les populations pourront irriguer les cultures et assurer leur sécurité alimentaire.

Au Kenya et en Ouganda, nos projets multisectoriels intègrent des systèmes de pompage et de purification pour fournir une eau saine et potable. En Zambie et au Sénégal, nos projets d’irrigation permettent aux agriculteurs de s’adapter aux effets du changement climatique, en maximisant leur rendement et en améliorant les revenus de leur ménage.

Grâce à des réseaux de transport fiables et à des infrastructures logistiques modernes, les marchands parviennent à acheminer leurs produits vers les marchés, ce qui augmente leurs profits et réduit le volume de déchets.

En Ouganda, les ferries de Kalangala Infrastructure Services, sûrs et fiables, permettent aux habitants de l’île Bugala de se rendre sur les marchés du continent. Au Liberia, nous construisons le premier entrepôt en accès libre du pays pour que les entreprises de toutes tailles y entreposent et gèrent leurs stocks, facilitant ainsi la fluidité des échanges et prévenant les pertes et les vols.

Et maintenant ?

Alors que le monde cherche à atteindre l’Objectif de développement durable (l’ODD) n°8 – travail décent et croissance économique d’ici 2030- InfraCo Africa, PIDG et le secteur des infrastructures dans son ensemble peuvent jouer un rôle clé en permettant aux populations et aux jeunes en particulier, de trouver ou créer localement des emplois qualifiés, d’exploiter leur potentiel individuel et de soutenir la future prospérité économique de l’Afrique subsaharienne.


[i] https://www.undp.org/fr/publications/rapport-sur-le-developpement-humain-en-afrique-2016

[i] https://www.statista.com/statistics/1226158/median-age-of-the-population-of-africa/

Jad Habbab

Titulaire d’un diplôme d’Ingénieur en Génie Électrique et d’un Master en Stratégie et Gestion d’Affaires à l’International de l’ESSEC, France (en cours)

Jad a rejoint InfraCo Africa, de Vinci Energies où il a géré le développement, la construction et l’exploitation de projets dans le secteur cimentier, mines, eau, et l’agro-alimentaire au Maroc et en Afrique de l’Ouest.

Il compte à son active 7 ans d’expérience réussie en gestion des opérations dans l’industrie et a travaillé auparavant chez Procter & Gamble ainsi qu’à la Banque mondiale.

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