En coulisse : Le développement des infrastructures au service de l’autonomisation des femmes et des filles

8th Mar 2021 | 2 Comments | By Dahlia Nacef

La Journée internationale de la femme approche, et j’ai pensé qu’il serait intéressant d’aborder plus en détail ce qui m’a amenée à entrer dans le domaine de l’impact sur le développement d’une part, et, d’autre part, le travail réalisé avec mes pairs œuvrant à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes et des filles.

Une fois obtenue ma maîtrise en mathématiques, j’ai recherché un emploi pertinent qui associerait ma passion pour les chiffres et mon désir d’influencer positivement la vie des autres. À cette époque, j’ignorais si un tel poste existait ! En 2017, j’ai intégré l’équipe d’InfraCo Africa dans le cadre d’un stage de sept mois, au terme duquel m’a été offert un emploi à plein temps d’Analyste de l’impact sur le développement, un métier que j’adore. L’impact sur le développement est un domaine passionnant qui ne cesse d’évoluer.   

Les mathématiques semblent être un point de départ étrange pour arriver au développement international. Pourtant, ils s’avèrent extrêmement utiles pour analyser les données d’impact sur le développement que nous recueillons dans le cadre de nos projets. Les mathématiques m’ont aussi aidée à penser au-delà du cadre préétabli et à réfléchir différemment au développement de meilleurs outils de suivi quantifiables pour nos projets, à l’atténuation des risques et à décider de ce qui est raisonnable et proportionné pour chaque projet.

Ma responsabilité consiste à examiner chaque nouveau projet ou opportunité d’investissement pour m’assurer de sa cohérence avec nos valeurs en matière d’impact sur le développement. Ainsi, je m’efforce de comprendre et de formuler son impact prévu à partir des informations dont nous disposons à ce stade précoce. Par exemple, j’explore l’impact potentiel d’un projet du point de vue climatique ou de l’égalité entre les sexes. J’évalue également la plus-value que nous pourrions ajouter au projet. A-t-il besoin de nous ? Si oui, que peut apporter InfraCo Africa au projet, au-delà de son financement ? Ce pourrait être notre expertise dans les domaines variés tels que l’HSE, la conformité et l’impact sur le développement, ou encore notre capacité à mobiliser l’engagement de tiers dans un nouveau marché ou une technologie novatrice.

En ce qui concerne l’égalité des sexes, je pense que notre démarche principale est de poser des questions.

Dès le départ, aux premières étapes de la phase de sélection, nous examinons la possibilité qu’un projet puisse avoir des conséquences négatives involontaires pour les femmes et les filles.  Nous les identifions, puis soulevons la question d’une participation accrue de femmes au projet, par l’intermédiaire de consultations et d’initiatives de liaison communautaire, par des opportunités d’emploi, ou en demandant aux femmes et aux filles de nous aider à définir d’autres initiatives d’impact sur le développement qui pourraient bénéficier principalement aux femmes vivant à proximité du projet. La portée des initiatives est relativement large, et elles concernent notamment l’eau potable, une formation agricole ou un mécanisme de microfinance pour les appareils électriques.

Si nos considérations diffèrent d’un projet à l’autre, notre travail suit largement les directives énoncées dans les trois niveaux du cadre directeur sur l’égalité des sexes du PIDG et nous attendons de tous nos projets qu’ils respectent la norme d’égalité entre les sexes du PIDG, elle-même alignée à celle de la SFI. Pour tous nos projets, nous recueillons des données ventilées par sexe et guidons la conception en écoutant activement les points de vue des femmes. À ces fins, nous mettons en place des groupes de discussion réservés aux femmes là où ils sont nécessaires et communiquons avec les ONG et les autres agences travaillant avec les femmes dans la zone locale.

Afin de garantir que les projets favorisent activement l’autonomisation des femmes, nous examinons leur présence dans la structure de gouvernance d’une société de projet, la disponibilité d’emplois à court et long terme pour les femmes et leur degré d’implication tant dans la fourniture de services qu’au niveau des chaînes d’approvisionnement primaires ou secondaires du projet.  Dans le cadre de notre projet Kalangala Infrastructure Services, nous avons formé les toutes premières femmes marins et plus de 30 % des apprentis recrutés pour former l’équipage du traversier de l’Est Africa Marine Transport sont des femmes. Notre partenaire dans le projet Sierra Leone Mini-grid recrute activement des habitantes de la communauté locale à des postes de techniciennes pour la maintenance des mini-réseaux ou de commerciales pour vendre l’énergie propre. Nous recherchons également des occasions de mener des initiatives communautaires, à l’image des maternités que nous construisons à Chanyanya et Chiansi, en Zambie. Pour ces projets, nous avons pu utiliser l’équipe et le matériel de construction affectés au projet d’irrigation en vue de bâtir des installations indispensables pour des accouchements et des soins postnatals plus sûrs. Enfin, nous examinons les moyens de tirer parti du financement de PIDG TA dans ce type d’initiatives et d’offrir un soutien de nature différente comme des formations.

En début d’article, j’ai mentionné des risques. Il est important d’identifier dès le départ tout risque éventuel susceptible de toucher les femmes et les filles et d’œuvrer à les atténuer durant la conception du projet. Notre équipe HSE a pris la responsabilité de surveiller les risques de violence et de harcèlement fondés sur le sexe, par exemple. Ces risques seraient ensuite abordés lors d’une séance de consultation avec le comité d’impact sur le développement du PIDG s’ils devaient concerner un projet particulier. Pour instaurer des mesures de protection pour les femmes et les filles dans le cadre de nos projets, nous pourrions, par exemple : adopter des systèmes d’accès biométriques et recruter des femmes au sein du personnel d’entretien et de sécurité pour offrir aux étudiantes des logements sûrs et sécurisés (Acorn Affordable Student Accommodation), ou mener des discussions afin de concevoir un concept de ferry nocturne qui fournirait aux femmes marins un endroit sûr où dormir et se laver.

La Journée internationale de la femme nous donne l’occasion de réfléchir au chemin parcouru jusqu’à présent et à nos ambitions à plus long terme en matière d’égalité entre les sexes, dans nos projets et ceux du groupe PIDG.

Pour moi, le résultat de cette réflexion est très simple.

Je veux voir plus de femmes d’horizons et d’ethnicités diverses participer à tous les niveaux d’un projet. Je veux voir des femmes membres de l’équipe de direction de chaque société de projet, employées, bénéficiaires directes et indirectes d’un projet et fournisseurs de produits de la chaîne d’approvisionnement ou de services de conseils. Une participation féminine à tous les aspects de nos projets profitera à tout le monde. De nombreuses recherches ont été effectuées sur la valeur de la participation des femmes et de l’élévation des voix des personnes marginalisées. Toutes affirment qu’il existe un argument commercial — mais aussi moral et éthique — convaincant pour impliquer les femmes à tous les niveaux d’une entreprise ou d’un projet.

Lorsque vous démarrez comme moi votre carrière, imaginer ce que pourrait être votre travail ou votre vie est souvent difficile, à moins de rencontrer une personne assumant un rôle identique au vôtre et à laquelle vous pouvez vous identifier. Si nous pouvons attirer davantage de femmes à des postes au sein de nos projets et du secteur des infrastructures dans son ensemble, nous créerons des modèles féminins que la prochaine génération aspirera à suivre. L’impact d’une telle démarche pourrait être positivement inestimable.

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