COP27 : Tirer les leçons du passé pour galvaniser nos actions futures

29th Nov 2022 | Leave a comment | By Gilles Vaes

Alors que la COP27 touche à sa fin, des voix s’élèvent de nouveau clamant que la lutte contre le changement climatique s’accélère et que les promesses et bonnes intentions se traduisent en actions concrètes. Dans la perspective du sommet de cette année, nous avons compilé certains des accomplissements qu’InfraCo Africa, avec le soutien de PIDG et de nos propriétaires, a réalisés au cours des douze derniers mois. Ils forment une longue liste d’investissements et de projets d’infrastructure axés sur le climat dont nous sommes, à juste titre, très fiers. Aujourd’hui, je souhaite m’attarder un peu sur ces accomplissements, rendus possibles par le dévouement de nos équipes et nos partenaires de projets. J’espère que ces réussites nous donneront l’impulsion nécessaire pour accentuer davantage notre impact sur la vie des personnes et la santé de la planète au cours de l’année à venir.

Accélérer l’accès aux énergies propres 

L’atténuation des émissions de gaz à effet de serre est au cœur des actions que nous menons pour atteindre l’objectif fixé par les Accords de Paris, à savoir limiter l’augmentation de la température moyenne de la planète à 1,5 °C[i]. Pour parvenir à une transition juste vers la neutralité carbone, les nations développées se doivent d’aider les pays en voie de développement, comme ceux d’Afrique subsaharienne, afin que ces derniers puissent être en mesure de privilégier les technologies à faibles émissions de carbone sans sacrifier leur développement économique. Depuis la COP26 à Glasgow, il y a un an, InfraCo Africa a été impliquée dans la mise en service de plus de 80 MW d’énergie renouvelable.

Au Malawi, nos centrales solaires Salima Solar et Golomoti Solar produisent une énergie fiable pour les résidences et entreprises connectées au réseau électrique national. En Sierra Leone, nous sommes sur le point d’électrifier le dernier des 40 mini-réseaux qui desserviront plus de 13 000 foyers et entreprises du sud et de l’est du pays. L’électricité hors réseau accélère l’accès à une énergie propre, remplaçant les groupes électrogènes diesel et fournissant les avantages économiques et sociaux associés à l’accès à l’énergie.  Les cliniques rurales sont en mesure de soigner les malades même la nuit tombée et de conserver les vaccins au frais. Les entreprises restent ouvertes plus longtemps et voient leurs ambitions croître, tandis que les enfants développent leurs compétences informatiques et peuvent étudier jusque tard le soir.

Œuvrer pour le bien des communautés

Notre mandat est de fournir un impact sur le développement. Le changement climatique représente la plus grande menace pour le développement humain. C’est pourquoi nous évaluons chaque investissement selon son impact climatique, sans cesser de nous concentrer sur l’atteinte des Objectifs de développement durable des Nations Unies (ODD).

Au Sénégal, notre projet Bonergie Irrigation vise à améliorer les moyens de subsistance des agriculteurs en installant des systèmes d’irrigation alimentés par l’énergie solaire pour remplacer les pompes diesel. Les exploitants profitent ainsi d’un meilleur rendement de leurs cultures tout en contribuant à la diminution des émissions de CO₂. En réponse aux commentaires des agriculteurs, le projet déploie maintenant des systèmes d’irrigation goutte-à-goutte conçus pour diriger l’eau disponible là où elle est la plus demandée. Cela augmente l’efficacité des exploitations agricoles tout en protégeant les précieuses réserves d’eau souterraine.

Au Rwanda et en République démocratique du Congo, notre projet Equatorial Power (EP) alimentera les zones rurales en énergie solaire hors réseau. EP fournira aux foyers et entreprises de la région une énergie propre et un accès à des centres agricoles où les exploitants pourront traiter et conditionner leurs produits sans compromettre leur fraîcheur. Ils pourront ainsi obtenir des prix plus élevés et accéder aux marchés locaux.

Pourtant, étant donné que les nations africaines produisent collectivement moins de 4 % des émissions carbone[ii], il y a lieu d’envisager une « transition juste », où certains investissements seraient jugés essentiels pour le développement économique, malgré leur taux élevé d’émissions. En ce qui nous concerne, nous essayons d’employer les meilleures technologies disponibles pour produire aussi peu d’émissions que possible. Cet engagement est démontré par notre investissement dans la société Waterbus et ses traversiers qui sillonnent le lac Victoria. Les émissions produites par des traversiers dotés de moteurs diesel fiables et efficaces sont en moyenne 60 % inférieures à celles de l’alternative la plus proche, soit des barques équipées de moteur hors-bord fonctionnant au diesel. Waterbus a pour ambition d’utiliser ses traversiers comme testeurs pour des technologies qui permettent d’augmenter le rendement des systèmes solaires. La société espère ainsi réduire la consommation de carburant tout en assurant un service de transport maritime fiable et tant essentiel à la population locale. De même, notre projet East Africa Marine Transport continuera d’émettre du CO₂. Mais, en proposant aux véhicules de marchandises l’option de rejoindre leur destination par voie lacustre plutôt que terrestre, la production générale d’émissions devrait diminuer tout en permettant aux exploitants de rejoindre sans peine les marchés locaux. Ils gagnent ainsi un temps précieux et évitent que leurs produits ne se gâtent durant le transport.

Les marchés frontière, terrains fertiles d’innovation

Ce qui rend notre travail passionnant est que nous pouvons nous positionner en tant que pionniers. Nous mettons les nouvelles technologies et nouveaux modèles commerciaux à l’épreuve dans le but d’attirer le financement et les investissements privés vers des marchés ou secteurs qui étaient auparavant ignorés.

La mobilité électrique en est le parfait exemple, en appuyant Zembo, nous permettons à une petite entreprise d’agrandir son parc de motos-taxis électriques, ou « boda-boda », et d’installer une infrastructure de recharge adéquate. L’entreprise répond ainsi à la demande des usagers ougandais pour un réseau de transport plus propre. Une fois exploité à grande l’échelle, Zembo aura le potentiel de développer son activité et d’attirer un plus grand nombre d’investissements.

Grâce au soutien de PIDG TA, nous avons installé un système d’énergie solaire en toiture pour alimenter nos installations du projet Liberia Inland Storage Facility. Il s’agit du premier système de ce type dans le pays pour alimenter une installation de stockage. Ce projet démontre ainsi ce qui peut être réalisé en matière d’alimentation électrique durable pour les installations industrielles.

Notre projet primé de Golomoti Solar a bénéficié du soutien d’Innovate UK pour faire figure de pionnier dans l’utilisation d’un système de stockage d’électricité par batterie (BESS) à capacité industrielle.  Le système BESS permet de surmonter les défis posés par l’ajout d’énergies renouvelables intermittentes au réseau électrique national, démontrant ainsi l’efficacité de cette technologie pour les projets futurs.

Transformer les marchés pour étendre notre impact

J’ai parfaitement conscience que PIDG et ses sociétés, malgré leur croissance continuelle, restent toutefois des acteurs relativement modestes. Pourtant, notre mandat – qui est d’exercer nos activités dans les marchés frontière afin de démontrer ce qui fonctionne pour ensuite mobiliser d’autres financements – nous permet d’exercer une grande influence dans l’accélération du rythme des actions pour le climat.

L’année dernière, nous avons investi 78,5 millions de dollars US dans des initiatives visant à transformer les marchés africains. L’objectif de cet investissement était de débloquer des sources de financements privés et institutionnels plus larges pour des infrastructures axées sur la lutte contre le changement climatique. Le fonds CLEAR (Climate Energy Access and Resilience Fund) que nous avons lancé avec Helios Investment Partners, exploitera l’intérêt croissant des investisseurs locaux et internationaux pour soutenir les projets d’infrastructure de haute qualité et les entreprises respectueuses du climat. Le fonds CLEAR contribuera également à accélérer le rythme du changement en permettant aux promoteurs de s’affranchir des projets et de réinvestir leurs capitaux et leur expertise dans d’autres projets. Notre nouvelle société de garanties au Kenya s’appuiera sur l’expérience que nous avons acquise avec InfraCredit Nigeria, ainsi que sur celle de PIDG dans son ensemble, elle fournira des garanties en devise locale afin de débloquer de nouvelles sources de financements institutionnels et soutenir les initiatives qui contribuent à la réalisation des objectifs fixés dans le cadre de l’Accord de Paris.

Nous apportons également notre soutien à Africa GreenCo et Bboxx. En démontrant la valeur de leurs modèles innovants pour accélérer l’accès à une énergie propre, tant sur et hors réseau, nous espérons attirer des investissements privés supplémentaires à l’échelle nationale, régionale et panafricaine.

Que pouvons-nous faire de plus ?

Malgré les importants défis auxquels nous avons dû faire face au cours des années 2021-2022, nous avons prouvé qu’il était possible de réaliser des projets de haute qualité et à l’épreuve du changement climatique en Afrique subsaharienne. Alors que nous nous joignons aux efforts mondiaux pour parvenir à une transition juste vers la neutralité carbone, nous devons reconnaître la chance que nous avons d’être fortement appuyés par nos propriétaires, à savoir les gouvernements du Royaume-Uni, des Pays-Bas et de la Suisse. Grâce à leur soutien, nous continuerons notre action dans les projets de notre portefeuille existant. Nous poursuivrons toutefois notre travail de mobilisation de nouveaux investissements visant à accroître et accélérer le rythme de livraison des projets d’infrastructure sur le continent.

Il est aujourd’hui évident que la crise climatique est un phénomène d’une grande complexité. Les évènements météorologiques extrêmes, tels que les périodes prolongées de sécheresse et leurs conséquences à long terme peuvent affecter la sécurité des personnes, leurs conditions de vie et leurs moyens de subsistance, mais surtout, leur résilience aux chocs climatiques futurs. Il va donc de soi que nous devons agir de manière holistique. Les projets et les investissements décrits ci-dessus englobent, non seulement ceux qui soutiennent directement les efforts déployés au niveau mondial pour parvenir à la neutralité climatique (énergies renouvelables et transports propres), mais aussi ceux qui favorisent l’adaptation aux changements des conditions environnementales. Les systèmes d’irrigation et les installations agroalimentaires, par exemple, renforcent la sécurité alimentaire, réduisent les déchets et stabilisent les revenus des ménages. Ils visent également à attirer davantage de financements pour mener des actions à plus grande échelle. Cette approche globale est essentielle pour garantir que les populations d’Afrique subsaharienne seront non seulement en mesure de survivre aux défis climatiques, mais qu’elles seront également adéquatement équipées pour prospérer dans un monde qui évolue vers un avenir très différent.

[i] https://unfccc.int/sites/default/files/french_paris_agreement.pdf

[ii]  https://www.statista.com/statistics/1287508/africa-share-in-global-co2-emissions/#:~:text=In%20the%20last%20two%20decades,share%20among%20all%20world%27s%20regions.

Gilles Vaes

Gilles a quitté son poste chez Engie pour rejoindre l’équipe d’InfraCo Africa. Au cours de sa carrière, il a accumulé 20 ans d’expérience dans le secteur privé, au sein de l’industrie manufacturière et de l’énergie. Son expertise s’étend de l’ingénierie au développement des activités et des projets, en passant par la stratégie, le développement d’entreprise et les investissements. Gilles est passionné par l’élaboration de modèles socio-économiques qui améliorent le niveau de vie sans compromettre la viabilité écologique.

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